Glénat entre 1993 et 1995 (épuisé)"Si Poe, Lovecraft, Kafka et les Marx Brothers s'associaient pour écrire une bande dessinée, on obtiendrait quelque chose de semblable à Dylan Dog, l'enquêteur de cauchemar."
Lug 1987 (épuisé)
Hors collection 2001
En 1986, une idée germe dans la tête de Tiziano Sclavi : il a envie de raconter l'histoire d'un détective privé spécialisé dans les enquêtes occultes et véritable tombeur de ces dames.
Vendu en Italie un peu à la manière des pulps au prix de 2 euros, Dylan Dog est un véritable succès qui ne se démend pas depuis 15 ans. Nombre de dessinateurs et descénaristes ont collaboré avec Sclavi pour donner vie à notre héros (Stano, Casertano, Piccatto ou Roi pour n'en citer que quelques-uns...).
Dylan Dog est donc un détective britannique habitant Craven Road à Londres. Accompagné de son assistant, véritable sosie de Groucho Marx, il rencontre au fil de ses aventures divers zombies, tueurs en série et Ovnis. Véritable sosie de Ruppert Everett, son physique ne laisse pas insensible les femmes, devenant plus souvent amantes que véritables clientes...
A la lecture de ces quelques lignes, vous aurez, je le pense, compris, que Sclavi joue énormément sur les références autant filmographiques que bibliographiques (Craven, Groucho, Ruppert Everett, etc.) et cela joue en grande partie sur la qualité de cette oeuvre. Car malgré le phénomène populaire, Dylan Dog reste une oeuvre particulièrement riche et intelligente dont les scénarios, tordus à souhait, inspirent un total respect aux pauvres gardiens que nous sommes !
Par ailleurs, l'humour distillé au travers des planches est tout bonnement jouissif, la présence de Groucho étant toujours sujette à un calembour, toujours douteux mais, ô combien, risible...
Si le succès est au rendez-vous en Italie (jusqu'à 200 000 exemplaires du magazine par mois ! et un jeu de rôles), sa publication en France fut beaucoup plus chaotique. Lug publie deux numéros en 1987 avant de sombrer dans l'oubli ; Glénat tente l'expérience avec la collection 2h½ qui rassemble des histoires de Dylan Dog, de Martin Mystère, de Nathan Never et de Nick Raider. Plusieurs volumes sont donc publiés entre 1993 et 1995 pour finir à Maxi-Livres (bonne affaire au demeurant, puisqu'on pouvait les trouver pour la modique somme de 10 francs !). C'est en 2001 que Dylan Dog nous revient, pour de nombreuses années (croisement de doigts) !
Véritable BD culte, l'oeuvre est à ce point riche que je citerai uniquement quelques exemples :
L'aube des morts vivants
(T1 collection 2 heures ½, Glénat)
Cette première aventure publiée en France donna aussitôt le ton : Dylan Dog est recruté par la femme d'un scientifique dont la mort n'a été qu'un passage intermédiaire. En effet, ce dernier s'est aussitôt relevé, devenu zombie. L'enquête va mener Dylan Dog vers des recherches scientifiques que le docteur Frankenstein n'aurait même pas imaginées.
Ce Resident Evil avant l'heure est un véritable hommage à la trilogie de Romero, une référence très importante de Sclavi qui ressurgit régulièrement dans son oeuvre...
Morgana
(T1 collection 2 heures ½, Glénat)
Suite de l'aventure précédente, Sclavi joue cette fois-ci la carte du romantisme dans une histoire apocalyptique, confirmant l'esprit étrange et inexplicable de la série. Les dernières planches, en particulier, puisent dans ce registre fin du monde dérangeant. Une référence dans le genre !
Histoire de Personne
(T1, collection 2 heures ½, Glénat)
Encore une histoire allant au-delà de l'étrange en s'immisçant dans les univers oniriques et parallèles. Un homme se rend compte qu'il est mort, mais est-il dans le bon monde ? Jouant sur le fil de la compréhensibilité, cet épisode s'en sort encore avec maestria. Il conclut également la première trilogie, où Dylan Dog eut à chaque fois à faire avec sa Némésis, Abraxas...
A travers le miroir
(T5 collection 2 heures ½, Glénat)
Cette histoire particulièrement inspirée confronte Dylan Dog à un tueur en série implacable et invincible. La réussite vient encore de la qualité de la présentation des protagonistes : les détails insignifiants mentionnés sur les pauvres victimes apportent un plus indéniable à l'ambiance. L'humour noir, toujours de mise dans la série, est également irremplaçable.
On trouve ici un scénario tout cuit pour les gardiens en mal d'inspiration...
Mémoire de l'invisible
(T5 collection 2 heures ½, Glénat)
Un tueur en série frappe parmi les prostituées. L'une d'entre elles était la seule à se souvenir d'un homme. Oublié de tous, le pauvre devient invisible. Une histoire triste et imprévisible confirmant l'étrangeté du monde de Dylan Dog...
Après minuit
(T5, collection 2 heures ½, Glénat)
After Hours vu par Dylan Dog. Cette fois-ci, Dylan Dog a oublié les clefs de son appartement et Groucho ne lui répondant pas, il vit une descente aux enfers dans le Londres nocturne. Au même moment un tueur psychopathe sévit dans les rues...
Le fantôme d'Anna Never
(T8, collection 2 heures ½, Glénat)
Un acteur alcoolique est persuadé d'être hanté par un fantôme. La folie commence à poindre lorsque l'actrice qui va jouer avec lui ressemble en tout point à l'esprit qui perturbe ses nuits.
Le graphisme de Roi me laisse légèrement de glace comparé aux dessins des autres artistes collaborant avec Sclavi dans les autres tomes. Cette remarque, valable pour les trois histoires du tome 8, me pousse à juger cet ouvrage comme le moins réussi parmi ceux présentés ici.
L'Alfa et l'Oméga
(T8, collection 2 heures ½, Glénat)
Fans de Delta Green, réjouissez vous ! Voici une histoire mêlant allègrement sspace et agences gouvernementales. Là encore, le graphisme gâche un peu l'histoire, au dénouement pourtant impressionnant...
Jekyll !
(T8, collection 2 heures ½, Glénat)
Dr Jekyll et Mr Hyde revisité par Sclavi : là encore une histoire pouvant être adaptée sans trop de difficulté.
Le retour du monstre
(T10, collection 2 heures ½, Glénat)
Servi par le dessin de Piccato, plus à mon goût, cette histoire tout bonnement horrifique est un moment d'anthologie ! Léonora Steele, unique survivante du massacre de sa famille, qui eut lieu seize ans auparavant, demande l'aide de Dylan Dog après que le tueur présumé se soit enfui de l'asile où il était depuis enfermé... Véritable aventure prête à jouer, l'intrigue est d'une excellence incomparable...
Cagliostro
(T10, collection 2 heures ½, Glénat)
Dylan part aux Etats-Unis après qu'une lettre lui ait proposé un défi...
Véritable road movie à travers une Amérique fantastique, cette histoire est un chef d'oeuvre pour tous les amoureux du fantastique quel qu'en soit le support (littérature, ciné, BD). Plus encore que dans toutes les autres histoires, chaque planche fourmille de références que le passionné s'amusera à découvrir. De Sir Albany dans à la poursuite de Sir Malcom à Lovecraft (eh oui !), en passant par Psychose ou Ghostbuster : c'est un régal.
Grand Guignol
(T10, collection 2 heures ½, Glénat)
Dylan Dog est engagé pour assurer la promotion d'un théâtre spécialisé dans le gore et le grand guignol, le propriétaire étant persuadé qu'un tel établissement se doit d'être réputé hanté...
Des acteurs hauts en couleur et une intrigue du tonnerre servent à merveille cette histoire.
Pour conclure, je conseille à tous la vision de Dellamorte Dellamore, où Ruppert Everett joue un rôle approchant et auquel Sclavi a collaboré.
fox